Il y a forcément des courses qui comptent plus que d’autres, et celle-ci occupe déjà une place choix dans mes meilleurs moments vécus en course à pied.

Tout commence en mai/juin dernier quand je lance l’idée de monter une équipe relais pour cette première édition du Grand Raid de Camargue. Les potes de l’assos ne sont pas très chauds car on fait plutôt du court sur route alors que là c’est une autre dimension. Finalement, Pascal puis Momo se joignent à moi pour constituer l’équipe Courir A Vergèze. La question : qui va assurer le 1er relais et ses 45kms annoncés ? Un pile ou face me désigne comme l’élu devant faire ce 1er relais, d’autant qu’au fil des jours nous rapprochant de la course, c’est finalement 49kms qui seront à faire de Salin-de-Giraud aux Saintes-Maries-de-la-mer.

Retrait des dossards la veille de la course à Vauvert, au briefing nous apprenons que pour la météo ça ira (malgré l’alerte orange) par contre le 2ème relais est passé de 38 à 42kms avec quelques passages avec de l’eau au mollet… de quoi refroidir un peu Pascal qui sera notre 2ème relayeur. Pour moi, la pression commence vraiment maintenant.

La nuit sera courte avec un réveil à 3h du matin pour prendre la navette amenant les coureurs à Salin-de-Giraud qui part à 5h de Vauvert. 1h de trajet, le temps d’échanger un peu avec quelques concurrents et de se concentrer. Arrivée à Salin vers 6h30, juste le temps de s’équiper, de laisser le sac à la consigne et il faut se rendre sur la ligne pour le briefing de départ.

Départ Grand Raid

 

Le jour commence à peine à se lever, la musique résonne, le speaker motive les troupes…c’est parti. Normalement, j’ai prévu d’arriver 4h15′ plus tard.

Un premier kilomètre pour sortir du village et nous prenons la direction du sud en entrant dans les salins. Je suis entre 11,5 et 12km/h, mais le vent est déjà bien présent. Avec un groupe de coureur, nous prenons des relais à tour de rôle pour passer ce moment délicat. Tout le monde est concentré sur son effort, il faut gérer au mieux.

Arrivée au premier ravitaillement au km11, je prends un gel, je bois un coup et repars. Nous filons à présent vers l’ouest, du coup le vent est à présent 3/4 arrière, ça va beaucoup mieux. Passage sur la plage, il faut franchir les blocs rocheux chaque 2 à 300 mètres, ça casse bien le rythme mais pour le moment tout va bien.Grand Raid Plage

Nous quittons la plage pour un chemin abrité d’arrière les dunes avec un sol plus stable vers le nord. Je suis maintenant avec 3 solos qui filent à 12km/h, Philippe, Alain et David. Dire qu’ils ont 110 kms à faire, je me sens tout petit… En plus ils sont bavards, ça papote, ça papote sur les courses et les souvenirs communs… Le temps et les kilomètres passent tranquillement.

2h de course, j’arrive au 2ème ravito, toujours gel et boisson. Je repars très vite toujours avec les solos. La piste alterne à présent quelques passages délicats. Avec l’averse du matin, le sable colle aux chaussures, on embarque du lest à chaque foulée. Ça déstabilise et casse le rythme. Je m’accroche pour rester au contact du groupe et nous commençons à reprendre quelques coureurs partis un peu trop fort. Il me faudra néanmoins laisser partir mes compagnons à cause d’une escale technique devenue nécessaire…

Pas grave, je les ai toujours en point de mire et je repars toujours à 12km/h.  J’arrive à nouveau sur la plage, le spectacle est magnifique, nous traversons cette étendue sauvage un peu seul au monde, sensations garanties même s’il faut essayer de suivre la trace laissée par un véhicule pour éviter de trop galérer dans le sable.

3h de course, arrivée au 3ème ravito, à nouveau gel et boisson. J’en profite également pour remplir mon bidon car il n’y a plus de ravitaillement avant l’arrivée. Nous filons maintenant plein ouest avec un vent favorable, direction le phare de la Gacholle et les Saintes. Je tiens presque les 12km/h mais ça devient difficile à présent malgré l’aide du vent. Le groupe de solos devant à exploser, preuve que ça devient dur pour tout le monde. J’essaie de me fixer des objectifs car la route est encore longue jusqu’à l’arrivée. Prochain objectif : le marathon. Je passe au phare, quelques promeneurs sont venus à la rencontre des coureurs. J’atteins les 42kms en 3h36. Je me ravitaille et repars mais je me fais violence pour tenir un petit 11,5km/h.

Maintenant l’objectif est clairement de tenir jusqu’au km suivant à mon GPS, rien d’autre. Je prends un gel « coup de fouet », peut-être un peu tard, il m’aurait fallu le prendre il y a 3kms… Je vois l’église des Saintes, je me concentre dessus et pense aux collègues qui vont prendre la suite, il faut absolument tenir.

Enfin les premières maisons apparaissent, famille et amis sont là pour m’encourager, ça suffit à me booster pour en finir en 4h13’25.

Grand Raid Arrivée Saintes

Je franchis la ligne et tape dans la main de Pascal qui s’élance à son tour. Il me faudra un certain temps pour récupérer un peu, les mollets me font très mal quelle que soit la position… J’ai le temps de me restaurer et de rentrer prendre une bonne douche à la maison avant de filer à Aigues-Mortes encourager Pascal et Momo.

Une belle ambiance à Aigues-Mortes pour le relais, Momo et Bérengère m’annoncent que Pascal a du mal pour terminer mais il saura d’arracher pour finir fort.

Grand Raid Aigues-Mortes

Momo prend le relais et nous n’avons pas le temps d’attendre l’arrivée de la 2ème équipe de Courir A Vergère, il nous faut filer à Vauvert pour ne pas rater l’arrivée de Momo. Et il ne va pas traîner en chemin. Il boucle notre relais en 9h58’30.

Grand Raid Vauvert

Une belle performance, nous finissons 6ème relais et 3ème relais hommes.

Grand Raid Equipe

Performance qui nous permet de monter sur le podium. Un podium tardif pour cause de difficulté de la course, à peine quelques solos ont pu rallier l’arrivée à 22h.

Grand Raid Podium

 

Que de sensations, d’émotions, de moments fabuleux vécus sur cette aventure. C’est sûr, cette course restera comme un moment à part dans ma carrière de coureur.

Merci à Pascal et Momo qui m’ont permis de vivre de tels moments, aux accompagnateurs pour leur soutien, à l’équipe Courir A Vergère/Endurance Chrono qui finira à une belle 16ème place et aux organisateurs pour nous permettre de vivre ça.

J’ai fait le plein d’émotions pour un bon bout de temps…