Lorsqu’Alain lance l’idée de participer à cette course au printemps dernier, je n’ai pas réfléchi longtemps. L’idée de venir en groupe à Chamonix pour un trail me plaît d’emblée. On est une douzaine à décrocher un dossard sachant qu’ils sont en quantité limité.

Mais à bien y réfléchir, après coup, je réalise que ça ne va pas être une partie de plaisir. 55km mais surtout 4000m de dénivelé prévu sur le parcours initial. De quoi bien cogiter tout l’été et de faire une pseudo préparation alternant entre cette épreuve et le 5km de l’Ekiden de Vauvert, le grand écart quoi.

Finalement, entre les blessures et les méformes, nous serons 9 du club à partir le samedi vers Chamonix. Direction l’auberge de jeunesse, à nos âges, c’est inespéré. Récup des dossards puis dîner avant un couché à 21h ! Et oui, le départ, c’est le dimanche à 4h30.

Difficile de trouver le sommeil avant une telle épreuve. Surtout que la météo ne va pas être de la partie. Elle est bien décidée à gâcher la fête. Du coup, c’est sous la pluie que nous nous installons sous l’arche de départ en pleine nuit avec nos frontales. La motivation en prend un coup. Adieu le parcours initial : les conditions météos ne permettent pas le décollage des hélicoptères si besoin. Un parcours de repli restant dans la vallée de Chamonix est proposé en remplacement pour la même distance mais un peu moins de dénivelé (3600m).

4h30, c’est parti : le temps de sortir de la ville puis c’est direction un chemin sous le téléphérique. Gros bouchon, au 1er goulet d’étranglement et ça sera comme ça jusqu’à en haut de la 1ère bosse 500m plus haut. Du coup le rythme est vraiment mauvais : 1h pour 4km. La pluie tombe par intermittence, trop couvert, je commence à enlever un peu d’équipement. Maintenant, il ne faut pas trainer pour rejoindre le 1er ravito avec la barrière horaire mais il n’y a plus de bouchons, c’est déjà ça.

A présent nous attaquons la 1ère vrai difficulté : Aiguillette des posettes à presque 2200m d’altitude. C’est très long et ça monte beaucoup ! Le final avec les rochers est très compliqué, tout comme le début de la descente vers Vallorcine km28. Ravito complet mais assez sommaire à mon gout, pas de quoi se mettre au sec pour se changer par exemple.

Je suis toujours avec Alain, les autres du club se sont déjà envolés vers la prochaine difficulté : la croix de Loriaz, tout proche de la frontière Suisse. Un bon 600 de D+. Le chemin est plutôt bon mais ça commence à tirer… La bascule vers le col des Montets se fait sous la pluie, gros coup de blues à ce moment de la course sachant ce qui reste à faire. Alain m’attend au dernier ravito, ça me relance moralement à continuer malgré les conditions et la redoutable montée qui suit.

Aller, c’est reparti pour cette montée vers la Tête aux vents après une petite soupe bienvenue à ce moment de la course. Je me dis que j’arriverai en haut de cette difficulté quoi qu’il arrive. Et heureusement que la détermination est revenue parce que cette montée est terrible. Le gars qui a tracé ce passage devrait être incarcéré : De grosses marches à enjamber, un chemin qui se perd dans les rochers et dans le ruisseau pour finir, c’est très hard. 700m de D+ qui vont m’achever. Mais je suis en haut et je me dis qu’il n’y a plus qu’à dérouler jusqu’à l’arrivée.

Grossière erreur : Déjà il faut rallier La Flégère et c’est loin d’être facile même si ça ne monte pratiquement plus, et puis la descente vers Chamonix recèle quelques subtilités comme une grosse dernière bosse qui n’arrange rien quand on est au bout.

Enfin, j’en finis bien émoussé après 12h53 de course. Même la Garmin n’a pas tenu la distance, à court de batterie à 3km du but. Mon classement est vraiment mauvais mais l’important aujourd’hui était d’arriver au bout !