Se lancer sur cette épreuve n’est pas anodin. La distance est vraiment inhabituelle pour moi surtout avec un tel dénivelé. Mais l’idée de pouvoir faire ce trail au pays me trotte dans la tête depuis trop longtemps.
Après la Veni vici que j’ai pu boucler honorablement, je me dis que c’est possible même si ça sera forcément plus dur à cause du parcours. Ce parcours, je le connais même si je ne l’ai pas reconnu, ceux sont les vallées de mon enfance.
Nous sommes nombreux à nous élancer du quai sur le coup de 11h pour ce périple cévenol que j’espère boucler en moins de 9h. Départ prudent, marche dans la côte d’Aulas, 1ère difficulté. Ca pousse un peu pour passer dans ce monotrace. C’est un peu dérisoire vu ce qui nous attend. Bascule sur Aulas puis direction Mars, le village bien sûr. La météo est plutôt bonne, soleil sans trop de vent. Certains sont en t-shirt, pour ma part j’ai quand même conservé les manchons avant de finir par les ranger dans la montée de Mouzoules. C’est costaud et bizarrement, ça l’ait encore plus après le col, droit dans la pente jusqu’en haut. Cette corniche qui domine la vallée d’Aumessas et d’Arre est pour moi le plus beau point de vue du parcours.
Pas le temps de rêver, la descente sur Arre est longue, je fais attention de ne pas forcer sur les cuisses dans les appuis, j’essaie de rester souple. Ravitaillement à Arre, je prends de l’eau et des tucs. Puis c’est parti pour le tour du Causse. Nous longeons l’Arre jusqu’à l’Embrusquière avant d’attaquer la montée du Causse de Blandas. Ca passe plutôt bien même si c’est la montée la plus longue du parcours avec 600m de D+. Arrivée à la ferme du Quintanel. La aussi, ravitaillement, je profite un peu car le prochain sera au km 42. Eau, tucs et jambon.
Je repars pour cette partie plus roulante où je sais qu’on peut perdre beaucoup de temps si on est cuit, je cours sans forcer, ça passe assez vite pour parvenir aux pins de Blandas et entamer la descente dans le cirque. Je ne connaissais pas ce monotrace qui descend jusqu’à la résurgence de la Foux. Vraiment sympa avec une belle vue du canyon. Ici aussi j’essaie de rester souple au niveau des cuisses, nous sommes juste à mi-parcours.
Passage à la résurgence toujours aussi sympa puis direction le village de Navacelles. C’est plus long que je ne pensais pour atteindre le village, peut-être que savoir ce qui m’attend après le village me rend nerveux. Et il y a de quoi. Traversée du village puis attaque de la montée jusqu’au belvédère de Blandas. Le début de la montée par le chemin en lacets est abordable mais très vite la trace passe droit dans la pente, plus de 30%… Mes cuisses commencent à demander grâce, je pense être bientôt au bout mais non, 300m de D+ dans cette montée, je suis vraiment dans le dur.
J’arrive enfin au belvédère pour le ravitaillement, ma femme m’a amené mon sac avec du rechange. Il me faudra du temps avant de repartir. Je m’habille avec 2 couches. Eau, tucs et jambon ici aussi. Il reste environ 20km, vais-je pouvoir courir après ça. Je sais qu’après la traversée du Causse dans l’autre sens il y aura la descente dans la vallée. Cette perspective me motive, j’alterne marche et course puis je bascule dans la descente jusqu’à Bez pour un ultime ravitaillement.
Il reste 10km et la dernière difficulté : la montée à Esparon. C’est encore 300m de D+. J’essaie de trouver un rythme et de le tenir, pas fou, mais constant. Je parviens au village, les autres concurrents ne sont pas mieux que moi finalement. Je ne perds pas de places ici. Bizarrement, la descente sur Molières sera plus pénible que la montée. Faut dire c’est long et pour le coup je suis bien cuit à présent. J’ai mis la frontale, ça ajoute à la difficulté de courir de nuit, je ne suis pas fan.
Il me reste à présent la plaine de Cavaillac et le chemin de la rivière en bordure de l’Arre. Je suis pratiquement incapable de courir maintenant, quelques concurrents me passent facilement vu mon allure. Je suis pressé d’en finir. Enfin j’arrive à la halle aux sports et je passe la ligne après 9h22 d’effort. Il me faudra un moment avant d’apprécier la bière offerte à l’arrivée et la soupe à l’oignon.
Enfin, dans la douleur, mais finisher du trail aux étoiles ! Au classement, 130ème/261 arrivants.